Allocution de George A. Forrest, Président de GoCongo

Agroalimentaire

Allocution de George A. Forrest, Président de GoCongoALLOCUTION PRONONCÉE PAR MONSIEUR G.A. FORREST,

PRESIDENT DE GOCONGO HOLDING BELGIUM

LE MERCREDI 24 AVRIL 2024

À L’OCCASION DE LA 8E SEMAINE FRANCAISE DE KINSHASA

Mesdames, Messieurs,

Je suis très heureux de prendre part à cette rencontre sur un sujet crucial pour notre présent et déterminant pour notre futur. Je salue les responsables de la Chambre de commerce et d’industrie franco-congolaise, à l’initiative de nos Assises.

Cette rencontre est une belle opportunité d’échanger nos points de vue sur notre présent et aussi pour jeter les bases d’une réflexion prospective pour construire un avenir commun qui doit être prospère et pacifique. Nous nous le devons, c’est évident, mais nous le devons surtout aux générations à venir.

Pour atteindre ce noble objectif, il faudra, indiscutablement, que le secteur privé national, en partenariat avec d’autres investisseurs, dans un environnement adapté, soit au cœur de la dynamique en tant que levier pour la création de richesses à partager équitablement dans notre pays.

Mesdames et Messieurs,

L’agriculture, par son caractère vital, est au cœur de la vie de tous les jours. C’est pourquoi elle devrait être hissée comme une priorité dans la définition et la mise en œuvre des politiques publiques.

Dans un contexte où l’Afrique demeure encore dépendante des importations pour nourrir sa population, il est urgent de réaffirmer notre volonté d’impulser une révolution agricole afin de permettre aux citoyens africains de consommer ce que la terre mère est capable de produire.

Dans ce contexte de dépendance, relever le défi de l’agriculture et de la transformation de ses produits sur le continent a une triple finalité positive :

–       D’abord, il s’agit d’arriver à l’autosuffisance alimentaire pour les populations ;

–       Ensuite de renverser la courbe de notre balance commerciale ;

–       Et enfin de créer des millions d’emplois décents et durables grâce au travail acharné de la terre.

Mesdames et Messieurs, Distingués invités,

Je dois d’abord vous dire – et peut-être que j’aurais dû commencer par là – que j’ai été séduit par le thème donné à nos Assises de ce jour. Il ne manque pas de saveur par sa nature volontairement provocatrice pour sans doute heurter nos consciences afin de nous faire réagir dans le bon sens.

Scandale agricole donc !

Mais que dit le dictionnaire Le Larousse d’un scandale ? Ce précieux outil nous enseigne que le mot scandale renvoie à un « fait qui heurte la conscience, le bon sens, la morale, suscite l’émotion, la révolte ». Tout de suite le dictionnaire donne le ton et nous oriente clairement vers le cœur de notre sujet.

Le Congo produit moins de la moitié de la nourriture que nous consommons. Aussi, plus de la moitié de ce que les Congolais mangent est importée. Il s’agit bel et bien d’un scandale au regard du potentiel énorme et des richesses gigantesques que contient notre sol, hélas largement inexploitées.

Vu que nous avons tout pour relever le défi de l’autosuffisance alimentaire, la persistance de la faim dans notre pays relève du scandale. Scandaleux, et je le répète, car la mise à disposition de notre énorme potentiel naturel au service du travail de la terre est à notre portée. Ce potentiel, je ne cesse de le rappeler, est impressionnant tant par son étendue, par son volume que par les possibilités qu’il offre pour nourrir les Congolais.

Le Congo se dessine sur une superficie de 2,4 millions de km. Il s’agit du deuxième plus grand pays du continent après l’Algérie et du onzième dans le monde. 66% de notre territoire est couvert de forêts.

Nous avons un potentiel hydrographique considérable avec le fleuve Congo, qui inonde de larges étendues de terre.  L’eau, vitale à la vie et donc à la production agricole, rare en bien des endroits du monde, est « scandaleusement » abondante sur notre territoire. Les immenses terres fertiles, la pluie en quantité, le soleil en permanence, font que notre pays dispose du plus grand potentiel en Afrique pour produire des aliments de haute qualité à faible coût.

Le fleuve Congo, en termes de débit, est le premier sur le plan africain et le deuxième sur le plan mondial. Sa disponibilité en eau renouvelable est évaluée à plus de 300 milliards de m³ par an. Et last but not least, il pleut sur notre pays 9 à 10 mois par an.

Et je le répété encore nous ne connaissons heureusement pas les épisodes violents de sécheresse qui touchent plusieurs pays africains en ces temps de réchauffement climatique et de péril écologique.

Avec nos 80 millions d’hectares de terres arables et environ 100 millions de Congolais dont 60 % ont moins de 20 ans, le Congo est d’abord un pays agricole avant d’être un pays minier. Cet immense potentiel humain, foncier, hydraulique et climatique justifie que l’on parle de notre pays comme un scandale agricole, après avoir longtemps été désigné comme un scandale géologique, avec un sous-sol riche mais dont les matières premières ne profitent pas assez aux Congolais.

Mesdames et Messieurs,

Il est d’une chose de constater et de nommer le scandale comme il est une autre d’assumer la responsabilité de transformer le cours de l’histoire, de contredire les projections catastrophistes pour asseoir enfin les bases d’une agriculture moderne comme levier principal d’une économie conquérante.

Mon choix, depuis toujours, en tant qu’entrepreneur congolais et africain, soucieux du devenir de mon pays et de celui du continent, est de contribuer à la création de richesses pour permettre le développement dans l’équité territoriale, l’inclusion et la justice sociales.

Je n’ai jamais voulu gonfler le nombre de commentateurs sceptiques, qui constatant la précarité et la pauvreté, n’agissent pas en leur lieu pour changer le monde. A la parole stérile et vaine, j’ai toujours préféré l’action transformatrice, car j’ai reçu de mes parents la valeur travail comme legs pour affronter tous les défis de la vie.

Quoi de plus normal donc que promouvoir le travail de la terre pour faire de l’agriculture le socle du développement de notre pays. C’est ainsi que je travaille depuis quelques années sur un immense chantier : le projet GoCongo, dont l’ambition est de contribuer à nourrir 90 millions de Congolais, de lutter contre l’inflation des denrées alimentaires et de s’attaquer à la déforestation.

GoCongo est un exemple et peut servir de modèle pour attirer des investissements massifs et diversifiés. Mon rêve est de contribuer à faire du Congo un pays auto-suffisant et donc souverain ; de faire de notre pays le grenier de l’Afrique. Et cela est de l’ordre du possible. D’autres nations ont réussi, à force d’efforts colossaux et constants, à renverser le cours de l’histoire et à vaincre les prédictions sombres par une foi en l’avenir et une volonté inébranlable de changer le destin.

C’est du haut de mon âge et de mon expérience des affaires que je m’exprime sans jamais renoncer au devoir d’humilité qui m’oblige à être à l’écoute de tous pour apprendre de chacun.

Avec mes collaborateurs, nous avons tracé un chemin pour une agriculture ambitieuse, moderne et durable. Mais rien ne peut connaître un succès à long terme sans l’apport de toutes les parties prenantes concernées. Le secteur privé est au cœur du progrès économique, car il lui incombe en premier de générer des investissements, de créer des emplois, de faire preuve d’inventivité et d’innovation pour augmenter la richesse nationale.

La croissance du PIB, indice désormais de référence dans le calcul de l’avancée de chaque nation, incombe d’abord aux acteurs économiques – investisseurs, industriels, entrepreneurs, 

Je reste convaincu que la création de richesses est du ressort des capitaines d’industrie dans une économie mondiale ouverte et libéralisée. Mais les hommes et femmes d’affaires, aussi talentueux et ambitieux qu’ils soient, ne peuvent relever seuls le défi de la transformation d’un pays.

Ainsi l’État a un rôle de premier plan à jouer. Son concours est plus que nécessaire pour faire du scandale agricole congolais le terreau fertile d’une grande révolution productive pourvoyeuse de richesses, d’emplois et d’accès de tous aux aliments de base.

Nul ne peut prétendre au développement sans des infrastructures qui maillent efficacement tout le territoire national. Les autorités congolaises doivent mettre en place des infrastructures modernes routières et ferroviaires, afin de permettre l’acheminement rapide et sûr des produits souvent périssables vers les différents marchés de ce vaste pays.

Aux côtés des aires de production doivent aussi être mis en place des circuits de distribution afin que les récoltes soient accessibles aux consommateurs.

Un pays émergent, c’est aussi une sécurité juridique et des procédures raccourcies et simplifiées pour les investisseurs. Les tracasseries administratives de même que la multiplication des interlocuteurs découragent un homme d’affaires qui risque d’aller investir ailleurs qu’au Congo, chez des voisins beaucoup plus attractifs vis-à-vis du secteur privé.

Surtout pour nous, pays francophones, des efforts sont donc attendus en matière de redressement et d’amélioration du climat des affaires comme le font si bien les anglo-saxons du fait de leur pragmatisme. Je pense notamment à la signature de conventions d’exemption des investisseurs des droits d’importation sur les équipements et intrants agricoles afin de rendre nos producteurs compétitifs face à la rude concurrence internationale.

Je ne peux ignorer une question essentielle, qui relève du capital humain. Le Congo ne saurait prétendre à un développement soutenu sans disposer de compétences dans des domaines de pointe en matière agricole et industrielle. L’heure du pauvre paysan qui se débrouille avec la houe est révolue. Partout, les plus récentes innovations sont mises au service de la révolution agricole porteuse d’autosuffisance alimentaire, d’équilibre commercial et de sortie de la pauvreté pour des millions de gens. C’est pourquoi j’invite les jeunes ici présents à faire du savoir une priorité, à ne ménager aucun effort pour l’acquérir, car c’est par la matière grise de la jeunesse, en qualité et en quantité, que nous atteindrons les plus hauts standards du développement. L’école doit être réformée pour promouvoir l’étude des sciences et techniques capable de donner à nos enfants les meilleurs outils pour transformer la terre et produire de manière intensive.

Mesdames, Messieurs,

Comme vous l’avez remarqué, les défis sont immenses, les conditions parfois difficiles et les enjeux nationaux et internationaux complexes. Le Congo continue d’occuper les pages tristes des médias internationaux alors que notre pays a tout pour être vendu partout comme une « success story africaine ».

George A Forrest en 2024 à la Semaine Française de KinshasaMais là où il y a une volonté, il y a un chemin, dit-on.

Avec GoCongo, je travaille à transformer le narratif congolais et africain avec tous les partenaires disponibles pour cette ambition aussi immense que stimulante.

Il est évident que nous ne pourrons pas relever le défi de l’agriculture comme base de notre redressement productif sans un secteur privé congolais fort, dynamique et entreprenant. Je me bats inlassablement pour cela et GoCongo s’y attelle avec ambition et détermination. Je tends la main à tous les partenaires pour ensemble faire du potentiel agricole congolais le principal levier de notre émergence économique et sociale.

Vous l’aurez constaté, GoCongo, c’est le rêve et le défi par lesquels j’invite chacun à son niveau à rompre le cycle du scandale pour ouvrir une nouvelle ère, celle de l’autosuffisance alimentaire d’un Congo nouveau, conscient de son rôle de locomotive dans une Afrique nouvelle.

Je vous remercie de votre aimable attention. 

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